TEXTES DE PRESENTATION DES TABATIERES PAR MATIERES : les tabatières peintes a l interieur

Tabatières : TEXTES DE PRESENTATION  DES TABATIERES PAR MATIERES :
les tabatières peintes a l interieur

TEXTES DE PRESENTATION DES TABATIERES PAR MATIERES : les tabatières peintes a l interieur


LES TABATIERES EN VERRE PEINT A L INTERIEUR
Ce sujet est probablement le plus difficile de la tabatière chinoise.
En effet, les tabatières peintes à l’intérieur pour une grande part, comme nous allons vous l’expliquer plus bas, ne sont pas faits vraiment pour contenir du tabac mais sont plutôt un support pour les artistes peintres spécialisés dans ce type de peintures à l’intérieur des flacons.
Il n’y a que dans la première partie de l’historique qu’on y mettait du tabac avec la risque de rayer la peinture avec la spatule.
Leur histoire commence très probablement dans la dernière partie du XVIIIème siècle. En effet, Clément Blanc et Laurence Blanc-Werlé ont retrouvé un catalogue de la vente Bertin, ministre de Louis XVI et collectionneur d’objets de Chine ; il y est mentionné qu’il possédait une tabatière en cristal, peinte dans son intérieur. Jusqu’il y a peu de temps encore, on pensait que l’historique de la tabatière peinte à l’intérieur commençait au début du XIXème siècle.
Nous diviserons notre exposé en trois chapitres.
Le premier concerne la première école qui commencerait aux alentours de 1800, probablement plus tôt comme nous l’expliquons mais sans avoir d’exemple précis de ces tabatières du XVIIIème siècle. La première école connue débute vers 1805. Les premiers flacons sont peints à l’encre (qui se présentait sous forme de bâton) et donc monochromes, dans des flacons en cristal parfois facetés. Le grand maître de cette première école est Yiru Jushi qui commence à peindre vers 1805 dans des flacons qui eux datent très souvent du XVIIIème siècle. La qualité de la peinture traditionnelle chinoise n’est pas très élevée. En revanche on peut y remarquer de très belles calligraphies montrant que ces peintures étaient l’œuvre de lettrés spécialisés dans la peinture de flacons, parfois sans signatures et que l’on attribue à l’école de Lingnan. Un autre grand peintre de cette école est Gan Xuanwen. Ce dernier pouvait signer ses flacons. Ce sont également des flacons avec peu de couleurs et très souvent aussi avec des calligraphies. Ces flacons de la première école qui eux étaient destinés à recevoir du tabac sont très rares sur le marché et les prix sont souvent importants. Ils étaient probablement destinés à l’élite des lettrés et des intellectuels.
L’école intermédiaire :
Dans cette période de l’école intermédiaire, les artistes sont beaucoup plus nombreux et les peintures seront très souvent de grande qualité, parfois très colorées.
Elle comprend de vrais peintres, les calligraphies sont très souvent parfaites et le mécénat impérial va commencer à permettre aux artistes d’être correctement rémunérés. Certains lettrés, graveurs de sceaux vont devenir peintres de flacons intérieurs. On pense que la durée de peinture à l’intérieur d’un artiste était de maximum dix-quinze ans. Ensuite, il supervisait un atelier. Ils peignaient dans du cristal de roche ou du verre et de temps en temps dans d’autres matériaux comme l’agate et beaucoup plus rarement l’ambre. Le premier grand peintre de cette école est Zhou Leyuan qui a peint à partir de 1880-81. Ce peintre est le père de cette nouvelle école de Pékin. Il peint dans la tradition chinoise et ses calligraphies sont naturelles et reconnaissables. Par la suite, beaucoup de peintres vont le copier et signer de son nom mais n’arriverons jamais à sa maîtrise et au naturel de son écriture.
Les flacons à partir de la période intermédiaire sont signés du nom de l’artiste ou de son nom et prénom. Ensuite, on trouve la mention de l’année, parfois du mois et du lieu. Certains artistes connus admirant ce premier peintre, lui ont rendu hommage en signant Zhou Leyuan mais y ont mis leur cachet personnel permettant de reconnaître l’auteur du flacon. En effet chaque peintre peint son cachet personnel en rouge sur les tabatières ce qui permet de savoir définitivement qui a peint un flacon.
Citons ensuite Ding Erzhong(1865/1935), dont peu de flacons sont connus et dont les prix sont très élevés. Il atteignit une qualité inégalée du point de vue des calligraphies et des peintures ; il était lui-même lettré et connu pour ses gravures de sceaux. Il apprit son art probablement auprès de Zhou Leyuan.
Un autre grand peintre, Ye Zhongsan le vieux qui peignit à partir de 1892 fut élève de Zhou Leyuan. Il inventa une peinture beaucoup plus colorée et s’inspirait de la littérature chinoise.
A sa suite, une véritable dynastie de peintres, ses fils notamment et un atelier nommé « Apricot grove » perpétuèrent l’œuvre de leur père jusque dans les années 1940.
La dynastie des Ye continua avec le célèbre Ye Benqi et dans les années 1970, la petite-fille de Ye Zhongsan, Ye Shuyin, une des premières femmes peintres à l’intérieur, dans les années difficiles de la Révolution culturelle.
Yan Yutian également élève du grand Zhou Leyuan est encore sous côté, malgré sa très grande maîtrise. La grande majorité de ses peintures sont curieusement datées de 1895. Quelques flacons sont datés de 1888 et signés Zhou Leyuan en hommage à son maître, avec le sceau de Yan Yutian. Sa manière de peindre est extrêmement reconnaissable.
Ma Shaoxuan(1867/1939) commence à peindre à partir de 1892 et fut peintre de la cour à partir de 1904. Ce peintre peignit les grandes figures politiques et militaires de la cour impériale. Ses calligraphies sont d’une remarquable qualité. Ses flacons comportent très souvent le sujet d’un côté et de l’autre un calligraphie empruntée à des textes anciens. Dans la deuxième partie de sa carrière, Ma Shaoxuan eut très certainement un atelier avec qui il peignit jusqu’en 1932.
D’autres peintres de qualité mais moins connus ont peint dans cette période intermédiaire : Bi Rongjiu, Zhang Baotian, Zi Yizi, Sun Xingwu, Meng Zishou, Shou Tian, Zhou Shaoyuan, neveu de Zhou Leyuan…
Nous oublions naturellement des peintres plus ou moins connus de cette période intermédiaire mais nous pouvons constater que peu de peintres ont une cotation internationale. Nous pouvons trouver des œuvres de peintres de cette période sur le marché dont les prix sont tout à fait modestes.
La période moderne : à partir des années 1950/60 :
Wang Xisan en est le grand peintre, disons le père des peintres de la période moderne. Il s’inventa un style tout à fait personnel. Il vit toujours mais étant donné son âge ne réalise plus de peintures à l’intérieur. Il peignit entre les années 1960 et le début des années 1970. Ses élèves les plus connus sont Ye Shuyin, Liu Shouben et Ding Guiling. Ces peintres sont aujourd’hui très recherchés et les peintures de Wang Xisan sont parmi les plus chères des peintres à l’intérieur toutes époques confondues.
Il y eut entre les années 1966 et 1970, des tabatières qui sont maintenant recherchées : elles sont peintes de motifs révolutionnaires et exécutées dans des bouteilles en verre et jamais en cristal. Elles ne sont jamais signées et parfois datées. Elles comportent parfois des citations de Mao Zedong ou des slogans révolutionnaires (Attention aux copies actuelles)
Il existe aujourd’hui à partir des années 1990/2000, une école de jeunes peintres tout à fait talentueux et qui ont une maîtrise aussi importante que leurs prédécesseurs. Ces peintres commencent à être connus sur le marché et leurs prix deviennent importants. Notre galerie admire un peintre actuel, Su Fengyi qui peint depuis les années 2000 avec une grande virtuosité. Il faut prendre garde à certains copieurs qui cherchent à imiter les grands talents de ce domaine de la peinture à l’intérieur de flacons et aux peintres pour touristes.
Comment peint-on une tabatière ?
Comme dit précédemment, le support de la peinture à l’intérieur est un flacon en verre, cristal, agate ou beaucoup plus rarement ambre.
L’intérieur de ces flacons était traité avec un abrasif afin que la surface soit légèrement poreuse et que la peinture adhère au support. Cette peinture était constituée de pigments et d’eau auxquels on ajoutait quelquefois de la colle. Elle était appliquée sur l’intérieur du flacon à l’aide d’un pinceau recourbé comprenant très peu de poils ou une fine tige de bambou dont on recourbait la pointe (appelée plume), que l’on introduisait par l’ouverture étroite du col.
La technique employée est appelée peinture « inversée » car contrairement à la technique classique, le peintre devait commencer par représenter le premier plan de son œuvre et terminer par l’arrière-plan. Contrairement à de nombreuses rumeurs concernant la position du peintre, ce dernier était assis à sa table de travail, tenait le flacon d’une main et le pinceau de l’autre et tenait parfois sous le flacon, un miroir, de façon à capter le maximum de lumière.
Prochainement les Tabatières en Agate et Jade

Images additionnelles

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